En tant que Marocain :
– J’aime mon pays et je déteste mon passeport.
– Je laisse mon passeport à garder à mes parents.
– Je critique les Marocains mais ne laisserai jamais un non-Marocain le faire.
– J’apprends à mes enfants à ne pas mentir même s’ils me voient mentir tout le temps.
– J’exprime mon immense gratitude à un fonctionnaire qui ne fait que son boulot.
– Je me marie avec un profil, plutôt qu’avec une personne.
– J’appelle deux ou trois fois en faisant semblant de prendre des nouvelles avant d’appeler pour demander le service que j’avais en tête.
– Je n’ébruite jamais mes projets de peur qu’on me « tape de l’œil ».
– J’ai des tantes (khalti) et des oncles (âmmi) avec qui je n’ai aucun lien de sang.
– L’aïd venu, je demande à mes proches comment étaient leur abats sacrificiels (ki kherjat douwaretkoum) un peu comme s’ils avaient sacrifié un Kinder surprise.
– J’ai le droit constitutionnel d’envoyer plus jeune que moi me chercher des commissions, comme le firent mes aînés avec moi quand j’étais plus jeune.
– Il m’arrive de boire le thé en faisant un bruit d’évier qui se vide.
– Quand je dors et qu’il fait chaud, à défaut d’allumer la clim (si j’en dispose), je retourne l’oreiller.
En tant que petit marocain :
– « Je vais le dire à ton père » était la sentence maximum dont je pouvais écoper.
– Ma mère ne m’interdisait de manger à ma faim quand on était invités.
– J’allais à l’école avec des doigts fluorescents, preuve qu’on avait mangé un tajine avec du curcuma dedans à midi.
– Quand j’étais enrhumé, on me badigeonnait avec de l’huile d’olive et je recevais une gousse d’ail en guise de suppo. C’est cette même recette qui a servi pour le poulet de midi.
– Quand j’assistais à une discussions entre adultes, je n’avais pas le droit d’avoir un avis, et encore moins de l’exprimer. Si par malheur on me le demanda, ma mère me pinçait la cuisse si fort que j’en devenais timide malgré moi.
– Quand je rentrais à la maison avec le pantalon troué – résultat d’une cascade ou une bagarre pendant la récré – je n’avais pas droit à « mon chéri, comment tu t’es fais mal ? ». Non, je me prenais une savate bruce-léenne et repartais à l’école avec un motif honteux cousu à l’endroit déchiré du pantalon, genre une framboise ou une fleur que j’allais arborer toute l’année durant.
– J’avais le droit de pleurer pendant environ trois minutes après une raclée. Passé ce délai, je m’en mangeais une plus belle et j’étais sommé de faire silence « Qta3 l7ess ».
– Quand j’avais un examen, ma mère me faisait apprendre tellement de versets et de prières à dire avant l’exam’ que j’en oubliais mes cours.
– A l’heure du réveil, ma mère était plus efficace qu’un défibrillateur, elle avait ses propres fuseaux horaires, et des méthodes à faire pâlir un sergent instructeur des Marin’s.
l- e lendemain d’un hammam, j’avais des croutes saillante sur la peau, comme si je devais des dettes à la mafia.
– En partant faire mes études à l’étranger, je devais expliquer aux douaniers pourquoi ma valise était pleine à craquer de nourriture, d’huile d’olive et parfois même d’oignons crus. « Je n’ai pas de droit de regard sur cette partie de ma valise Monsieur le douanier, ma mère a peur que je ne trouve pas d’oignons halal dans votre pays « .
– Une fois un douanier s’est aventuré à fouiller les sachets de victuailles préparés par ma mère. Il mit un gant (heureusement), sa main en est sortie enrobée de miel, d’huile d’olive, et de marqa. Il ressemblait d’avantage à un médecin légiste qu’à un douanier suisse.
Mais aussi, en tant que Marocain :
– Je respecte les gens âgés.
– Je prends soin de mes parents.
– Je visite le maximum de proches les jours de fêtes.
– Je rends service à mes voisins avec abnégation.
– Je fais systématiquement partie d’un club (ou d’un gang) qui s’appelle « ouled derb ».
– J’accueille chaleureusement les étrangers que j’invite autant que possible à la maison pour partager un repas.
– Je suis heureux quand il pleut, quel que soit mon métier ou secteur d’activité.
– Quand quelqu’un me demande du feu, je le lui donne tout en lui souhaitant que dieu l’aide à se sevrer (allah iîfou).
Il n y a pas de clichés sans feu.